À une époque où l’iPad devient l’outil standard de l’enseignement, la voix de ses adversaires augmente également. Dès la fin 2015, le consortium OCDE-PISA a publié un rapport très critique intitulé «Connectés pour apprendre?» avec l’affirmation principale: «Plus les enfants utilisent des logiciels, Internet et des programmes éducatifs, plus leurs performances scolaires diminuent». D’éminents chercheurs en neurosciences, notamment Manfred Spitzer, ont toujours mis en garde contre la «démence numérique» et veulent donc bannir complètement les technologies de l’école. Récemment, Michel Desmurget, directeur du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique en France, a soutenu la thèse avec son livre «La fabrique du crétin numérique, les dangers des écrans pour les enfants».
Cependant, le discours alarmiste nous empêche de nous poser les bonnes questions. Le nom «écran» cache désormais une myriade d’interfaces et d’applications: télévision, smartphones, réseaux sociaux, jeux vidéo ainsi que logiciels pédagogiques. Le sujet concerne donc des problématiques très diverses.
Un discours nuancé s’impose: il y a des moments où l’usage est utile et important, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous sommes rapidement amenés à nous poser la question d’une utilisation raisonnable et d’une durée maximale par jour. Une utilisation raisonnable est celle qui n’a aucune conséquence sur la vie quotidienne, sur l’apprentissage ou sur l’organisation du travail.
Notons que, parmi tous les experts qui s’expriment si différemment sur ce sujet, il y a un consensus minimal: un enfant de moins de 12 ans ne doit en principe pas être laissé seul devant un écran.
Aujourd’hui, nous avons pour devoir de préparer le jeune au monde digital, et donc de lui transmettre des compétences numériques. Pour cela, l’iPad à l’école est un bon outil : il soutient non seulement l’apprentissage, il nous permet également de montrer comment Internet et ses algorithmes veulent nous influencer, comment fonctionne le modèle commercial de collecte de nos données privées.
Ma réponse à la thématique est la suivante: les écrans ne rendent pas les enfants stupides, ils sont une ressource formidable à une condition: que nous accompagnions les jeunes! C’est pourquoi la prochaine initiative de notre ministre de l’Éducation «Les écrans en famille, gérer, éduquer et accompagner» est tout à fait appropriée. Espérons que cela aura un impact et deviendra un sujet de conversation, à la fois dans la famille et à l’école.