Carte blanche du 16 décembre 2020 (RTL radio)

Sur la protection des données : qui dit A doit dire B
Par loi du 28 mai 2019, une directive européenne de 2016 a été traduite en droit luxembourgeois, afin de garantir une grande sécurité pour les réseaux et systèmes d’information dans l’ Union européenne. Qu’en est – il alors de la protection des données individuelles? Le maximum a -t-il été fait pour protéger le citoyen? Gaston TERNES étudie la question.
En temps de COVID, nous recourons plus que d’habitude à Internet .

Force est de constater qu’un fléau a considérablement augmenté depuis le début de la pandémie: le « phishing » de l’ anglais « Fishing». Il s’agit d’une méthode malhonnête pour identifier nos données sensibles.

Les statistiques sont choquantes : seuls 3% d’entre nous ouvrent des courriels du type « SPAM » , c’est-à-dire des courriers publicitaires, mais les courriels de phishing sont consultés par environ 30%. Le montant annuel des dommages ainsi crées au Benelux est actuellement estimé à 1 milliard d’euros . Au cours du premier mois de la pandémie Corona , il y a eu 16.000 attaques de phishing aux Pays-Bas, contre seulement 6.000 les mois précédents.
La pandémie Corona est l’ occasion idéale pour les personnes malhonnêtes . La stratégie est toujours plus professionnelle et s’appuie sur le support visuel original de services que nous consultons régulièrement, la Poste, les grands réseaux de distribution et les banques. On nous invite à actualiser nos données sensibles en argumentant qu’il y a une faille de sécurité , ou qu’une livraison est en suspens car il manque des données. Voilà seulement quelques-unes des nombreuses raisons pour nous retirer des données sensibles. Récemment, ces criminels ont profité de la crise sanitaire en nous invitant à virer 50 euros pour un test COVID, alors que ces tests sont gratuits.
D’accord! Les banques et autres institutions prennent bon soin de nous informer régulièrement sur des attaques de phishing en cours. Nous avons également une initiative très louable gérée par le Gouvernement, le CIRCL le « Computer Incident Response Center Luxembourg », qui collecte ces tentatives malhonnêtes et nous soutient si nous avons été victime d’une attaque frauduleuse.
Il est également vrai qu’il est difficile de retracer ces infractions, parce que les initiateurs cachent leur identité derrière des méthodes très sophistiquées et parce qu’ils opèrent à partir d’une multitude de pays, souvent loin de nous , et avec des législations très différentes .
Mais faisons-nous assez pour rendre la vie difficile à ces fraudeurs? Mon plaidoyer est le suivant : il faudrait lancer une vaste campagne d’information qui indique une procédure facile et rapide de signalement immédiat d’une attaque de phishing, afin qu’après quelques secondes, une enquête soit lancée. Ainsi ces filous se sentiraient un peu moins sûrs dans leur action.
Par la loi du 28 mai 2019 , nous avons dit « A ». Il est grand temps de dire « B »!

IN-service training for the BAC experts groupe_ 26th November 2020

 

In-service remote training with the national experts of the European Schools’ Baccalaureate in Mathematics.

Application of the New Marking System (NMS) and development of a specific competence assessment matrix.

The New Marking System-November_26_2020

Practice transferring competences

Au sujet de l’évaluation de la performance à l’école – Ce que la pandémie Corona nous dit!

Il me semble que dans les nombreuses réformes des écoles primaires et secondaires, une réflexion fondamentale sur le thème de «l’évaluation des performances des élèves» a fait défaut. Il n’y a que des exigences pour l’enseignant qui sont ajoutées à un modèle existant. Cela a eu un impact considérable au niveau de la quantité du travail de rédaction à faire par les enseignants: des commentaires détaillés sur chaque devoir en classe, analysant chaque erreur, ainsi qu’une répartition précise selon les compétences visées qui sont également toujours liées aux notes.

Il n’y a absolument aucun rapport entre le nombre d’heures que l’enseignant passe à écrire tous ces retours et le bénéfice que tire l’élève de ce travail. Le jeune lui-même vit au rhytme des tests multiples et oublie ce qu’il a appris, car d’autres matières ont aussi un devoir en classe.. L’éducateur brésilien Paulo Freire parle dans ce contexte de «pédagogie bancaire» l’élève passe un examen, il est «payé» par une bonne ou mauvaise note et l’action s’arrête là.

Ne devrait-on pas attacher de l’importance à ce que le jeune, dans un second temps, sur la base de brèves suggestions des enseignants, revoie sa  production et ainsi gagne de plus en plus de satisfaction dans son travail? Fait intéressant, à l’heure actuelle, la recherchesur le fonctionnement du cerveau, privilégie la réactivation et l’apprentissage en petites étapes comme deux piliers majeurs d’un apprentissage efficace!

La pandémie de Corona a mis les écoles dans un état d’urgence et le télétravail a pris un élan considérable. Cependant, elle montre des limites lorsque l’on considère l’effet d’équilibrage au sein de la classe et les nombreuses interactions sociales qui s’y déroulent. Le télétravail rend en outre difficile l’évaluation des performances des étudiants, car tous les jeunes n’ont pas les mêmes conditions de travail.

Le confinement nous oblige à ne considérer désormais que les éléments essentiels du programme d’études et de l’évaluation des performances. Il est essentiel que l’apprentissage se déroule dans la continuité et que la répétition, le comportement coopératif et l’engagement personnel y trouvent un reflet. Il est également essentiel que l’apprentissage dispose de suffisamment de temps pour aller en profondeur car l’agitation n’a pour conséquence qu’un apprentissage superficiel et déclenche le stress et la peur. Partager l’année en semestres au lieu de trimestres auraient déjà pour effet de réduite le nombre de tests d’un tiers.

La crise sanitaire nous donne un autre regard sur l’apprentissage; elle nous montre aussi l’importance de la coopération plutôt que de la compétition et c’est exactement cet élément qui devrait avoir un impact beaucoup plus fort dans l’évaluation.
Carte blanche 08-05-20 Leeschtungsberwäertung an der Schoul (Gaston Ternes)_Script

Carte blanche RTL du 21 février 2020: Les écrans rendent-ils nos enfants stupides?

À une époque où l’iPad devient l’outil standard de l’enseignement, la voix de ses adversaires augmente également. Dès la fin 2015, le consortium OCDE-PISA a publié un rapport très critique intitulé «Connectés pour apprendre?» avec l’affirmation principale: «Plus les enfants utilisent des logiciels, Internet et des programmes éducatifs, plus leurs performances scolaires diminuent». D’éminents chercheurs en neurosciences, notamment Manfred Spitzer, ont toujours mis en garde contre la «démence numérique» et veulent donc bannir complètement les technologies de l’école. Récemment, Michel Desmurget, directeur du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique en France, a soutenu la thèse avec son livre «La fabrique du crétin numérique, les dangers des écrans pour les enfants».
Cependant, le discours alarmiste nous empêche de nous poser les bonnes questions. Le nom «écran» cache désormais une myriade d’interfaces et d’applications: télévision, smartphones, réseaux sociaux, jeux vidéo ainsi que logiciels pédagogiques. Le sujet concerne donc des problématiques très diverses.

Un discours nuancé s’impose: il y a des moments où l’usage est utile et important, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous sommes rapidement amenés à nous poser la question d’une utilisation raisonnable et d’une durée maximale par jour. Une utilisation raisonnable est celle qui n’a aucune conséquence sur la vie quotidienne, sur l’apprentissage ou sur l’organisation du travail.
Notons que, parmi tous les experts qui s’expriment si différemment sur ce sujet, il y a un consensus minimal: un enfant de moins de 12 ans ne doit en principe pas être laissé seul devant un écran.

Aujourd’hui, nous avons pour devoir de préparer le jeune au monde digital, et donc de lui transmettre des compétences numériques. Pour cela, l’iPad à l’école est un bon outil : il soutient non seulement l’apprentissage, il nous permet également de montrer comment Internet et ses algorithmes veulent nous influencer, comment fonctionne le modèle commercial de collecte de nos données privées.
Ma réponse à la thématique est la suivante: les écrans ne rendent pas les enfants stupides, ils sont une ressource formidable à une condition: que nous accompagnions les jeunes! C’est pourquoi la prochaine initiative de notre ministre de l’Éducation «Les écrans en famille, gérer, éduquer et accompagner» est tout à fait appropriée. Espérons que cela aura un impact et deviendra un sujet de conversation, à la fois dans la famille et à l’école.

Carte blanche – RTL 18 novembre 2019: A propos de la fragmentation du paysage scolaire

 

À propos de la fragmentation du paysage scolaire

vum Gaston TERNES

 

La fragmentation du paysage scolaire n’est pas spécifiquement «luxembourgeoise». C’est un phénomène général! Selon les chercheurs Anne Barrère et Bernard Delvaux (Université de Paris- Descartes et Namur), il y a trois raisons majeures à cela dans le contexte de la mondialisation: l’hétérogénéité croissante de la population, la volonté de pouvoir poursuivre ses études avec des personnes partageant les mêmes idées et une conception individuelle du parcours d’apprentissage.

La fragmentation elle-même se traduit au Luxembourg par la création d’écoles internationales ou européennes, d’écoles Montessori, pour n’en citer que quelques-unes.

Trois ans après le lancement de cette idée de fragmentation du paysage scolaire au Luxembourg, il faut maintenant se demander où nous voulons aller: voulons-nous une division toujours plus grande du paysage scolaire pour, comme le programme gouvernemental, être plus apte à satisfaire les besoins de chaque apprenant? Ou, au contraire, cette fragmentation contribue-t-elle à encore plus d’inégalités? Les différences «écoles chères» contre «écoles gratuites» ou «recrutement sans contraintes des enseignants» contre «recrutement réglementé par l’État» soutiennent cette dernière idée.

Le scénario le plus probable pour les années à venir sera une fragmentation toujours croissante du paysage scolaire, avec des acteurs privés et publics. Dans ce scénario, ce sont les jeunes et leurs parents qui décident de ce qu’ils choisissent sur le «marché» diversifié du paysage scolaire. Il me semble évident que l’ampleur des inégalités s’élargira.

La fragmentation pose un second problème: si un jeune peut, dans une certaine mesure, choisir son système scolaire «à la carte», n’y a-t-il pas un grand danger qu’il choisisse pour lui la voie la plus facile? Il se pourrait bien que le plein potentiel intellectuel de certains jeunes ne soit plus exploité.

La Suède est aujourd’hui, après plus de 30 ans de paysage scolaire de plus en plus fragmenté, en train de retrouver son chemin vers un paysage scolaire plus unifié. En effet, les inégalités se sont massivement accrues et la performance globale de l’offre scolaire suédoise est tombée du peloton de tête en-dessous de la moyenne.

Pour nous, cela ne signifie qu’il ne faut surtout pas attendre que les réformes prennent effet, mais qu’ils faut les accompagner dès maintenant!