Carte blanche – RTL 18 novembre 2019: A propos de la fragmentation du paysage scolaire

 

À propos de la fragmentation du paysage scolaire

vum Gaston TERNES

 

La fragmentation du paysage scolaire n’est pas spécifiquement «luxembourgeoise». C’est un phénomène général! Selon les chercheurs Anne Barrère et Bernard Delvaux (Université de Paris- Descartes et Namur), il y a trois raisons majeures à cela dans le contexte de la mondialisation: l’hétérogénéité croissante de la population, la volonté de pouvoir poursuivre ses études avec des personnes partageant les mêmes idées et une conception individuelle du parcours d’apprentissage.

La fragmentation elle-même se traduit au Luxembourg par la création d’écoles internationales ou européennes, d’écoles Montessori, pour n’en citer que quelques-unes.

Trois ans après le lancement de cette idée de fragmentation du paysage scolaire au Luxembourg, il faut maintenant se demander où nous voulons aller: voulons-nous une division toujours plus grande du paysage scolaire pour, comme le programme gouvernemental, être plus apte à satisfaire les besoins de chaque apprenant? Ou, au contraire, cette fragmentation contribue-t-elle à encore plus d’inégalités? Les différences «écoles chères» contre «écoles gratuites» ou «recrutement sans contraintes des enseignants» contre «recrutement réglementé par l’État» soutiennent cette dernière idée.

Le scénario le plus probable pour les années à venir sera une fragmentation toujours croissante du paysage scolaire, avec des acteurs privés et publics. Dans ce scénario, ce sont les jeunes et leurs parents qui décident de ce qu’ils choisissent sur le «marché» diversifié du paysage scolaire. Il me semble évident que l’ampleur des inégalités s’élargira.

La fragmentation pose un second problème: si un jeune peut, dans une certaine mesure, choisir son système scolaire «à la carte», n’y a-t-il pas un grand danger qu’il choisisse pour lui la voie la plus facile? Il se pourrait bien que le plein potentiel intellectuel de certains jeunes ne soit plus exploité.

La Suède est aujourd’hui, après plus de 30 ans de paysage scolaire de plus en plus fragmenté, en train de retrouver son chemin vers un paysage scolaire plus unifié. En effet, les inégalités se sont massivement accrues et la performance globale de l’offre scolaire suédoise est tombée du peloton de tête en-dessous de la moyenne.

Pour nous, cela ne signifie qu’il ne faut surtout pas attendre que les réformes prennent effet, mais qu’ils faut les accompagner dès maintenant!

 

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