Il me semble que dans les nombreuses réformes des écoles primaires et secondaires, une réflexion fondamentale sur le thème de «l’évaluation des performances des élèves» a fait défaut. Il n’y a que des exigences pour l’enseignant qui sont ajoutées à un modèle existant. Cela a eu un impact considérable au niveau de la quantité du travail de rédaction à faire par les enseignants: des commentaires détaillés sur chaque devoir en classe, analysant chaque erreur, ainsi qu’une répartition précise selon les compétences visées qui sont également toujours liées aux notes.
Il n’y a absolument aucun rapport entre le nombre d’heures que l’enseignant passe à écrire tous ces retours et le bénéfice que tire l’élève de ce travail. Le jeune lui-même vit au rhytme des tests multiples et oublie ce qu’il a appris, car d’autres matières ont aussi un devoir en classe.. L’éducateur brésilien Paulo Freire parle dans ce contexte de «pédagogie bancaire» l’élève passe un examen, il est «payé» par une bonne ou mauvaise note et l’action s’arrête là.
Ne devrait-on pas attacher de l’importance à ce que le jeune, dans un second temps, sur la base de brèves suggestions des enseignants, revoie sa production et ainsi gagne de plus en plus de satisfaction dans son travail? Fait intéressant, à l’heure actuelle, la recherchesur le fonctionnement du cerveau, privilégie la réactivation et l’apprentissage en petites étapes comme deux piliers majeurs d’un apprentissage efficace!
La pandémie de Corona a mis les écoles dans un état d’urgence et le télétravail a pris un élan considérable. Cependant, elle montre des limites lorsque l’on considère l’effet d’équilibrage au sein de la classe et les nombreuses interactions sociales qui s’y déroulent. Le télétravail rend en outre difficile l’évaluation des performances des étudiants, car tous les jeunes n’ont pas les mêmes conditions de travail.
Le confinement nous oblige à ne considérer désormais que les éléments essentiels du programme d’études et de l’évaluation des performances. Il est essentiel que l’apprentissage se déroule dans la continuité et que la répétition, le comportement coopératif et l’engagement personnel y trouvent un reflet. Il est également essentiel que l’apprentissage dispose de suffisamment de temps pour aller en profondeur car l’agitation n’a pour conséquence qu’un apprentissage superficiel et déclenche le stress et la peur. Partager l’année en semestres au lieu de trimestres auraient déjà pour effet de réduite le nombre de tests d’un tiers.
La crise sanitaire nous donne un autre regard sur l’apprentissage; elle nous montre aussi l’importance de la coopération plutôt que de la compétition et c’est exactement cet élément qui devrait avoir un impact beaucoup plus fort dans l’évaluation.
Carte blanche 08-05-20 Leeschtungsberwäertung an der Schoul (Gaston Ternes)_Script